Balthazar
Plus d’une décennie après sa parution en trois actes dans la revue Eiland, Balthazar renait aux Editions de la Cerise.
Véritable travail d’orfèvre, ce récit muet à la narration labyrinthique fascine tant il repousse les limites de la bande dessinée. En virtuose, Tobias Schalken explore la forme, débobinant symboles et métaphores visuelles pour une œuvre singulière et puissante.
Balthazar est suivi d’un entretien éclairé avec l’auteur, par Thierry Groensteen.
A fascinating silent story pushing back the boundaries of the comic books genre.
Extraits
· Presse ·
Sophie Ravaux-Zoëll, BD Express« Des images répétées créent des jeux d’échos inquiétants, dignes des récurrences obsessives d’un David Lynch : un chat, un homme qui court ou une maison éclairée perdue sous un ciel immense. Alliant photomontage, dessin et informatique, Tobias Tycho Schalken remanie le langage habituel de la BD. D’ailleurs le langage non verbal – le morse, le papier à musique, les signes, les mouvements du corps, la danse - est l’un des thèmes de Balthazar, récit d’où les mots son bannis. »
Romain Brethes, Chronic Art« Le résultat du travail de Schalken est éblouissant. Un déluge de créativité, de réinvention perpétuelle du discours où s’entrechoquent les références à Magritte ou à Munch, le tout revisité par une alternance entre la miniature méticuleuse et la fresque grand format. »
Peter Breedveld, De Haagsche Courant« De plus en plus d’artistes tentent d’intégrer le support de la bande dessinée au « grand art ». Il est rare que quelque chose de convaincant en ressorte. Schalken est alors une exception positive. Il montre que la bande dessinée est en effet une forme d’art sérieuse. »
Bart Beaty, The Comics Journal #250« Dans Balthazar, [Schalken] ne semble que peu intéressé à raconter une histoire, mais fasciné par la création d’une humeur. Schalken utilise un certain nombre de morceaux formant un ensemble remarquable, pour créer un sentiment de profondeur psychologique, allant de l’image répétée d’une jeune fille nue assise sur un lit dur tandis que la salle se transforme en une variété de configurations réelles et impossibles, de deux belles pages présentant des coureurs, des danseurs et des groupes d’hommes non identifiables qui montent et descendent les escaliers. Ce sont des images troublantes et captivantes. »
Thierry Groensteen, Neuvième art« Partant de situations simples et quotidiennes pour atteindre une forme de surréalité, il s’agit d’un récit muet, énigmatique, d’une force plastique souvent saisissante. Schalken maîtrise parfaitement le dessin classique, son sens du volume et de la lumière trahissant sa formation initiale de sculpteur. Cette habilité est au service d’une exploration passionnante des possibilités de la narration visuelle. Décomposition du mouvement à la Muybridge, inclusion de dessins ou de pictogrammes dans des bulles à fonction tantôt symbolique, tantôt dialogique, contamination de la planche par ses marges, creusement de l’image par des recadrages, utilisation non conventionnelle de la page avec, par exemple, des rangées d’images gigognes s’emboîtant à partir du milieu : ce ne sont là que quelques-uns des procédés mis en œuvre dans cette bande dessinée effervescente. »
Andrew D. Arnold, Time Magazine« Toutes les formes d’art, y compris la bande dessinée, ont leurs avant-gardes, lieux où les règles et les traditions sont pliées ou laissées dans l’exploration des possibilités du milieu. Ces voyages laissent souvent la majorité du public derrière, mais parfois un artiste parvient à nous y amener avec la juste quantité de nervosité et de divertissement. Eiland a réussi dans ce domaine. »
The Comics Journal« À certains égards, la comparaison la plus apte serait à l’œuvre de Chris Ware dans la mesure où le travail est audacieusement novateur sur le plan formel, mais également en termes de narration captivante. Mais Schalken travaille à partir d’autant de différentes approches à la fois, le livre est tellement novateur et expérimental, qu’en fin de compte la comparaison pourrait desservir l’auteur. »
Nicolas Trespallé, SpiritAprès une apparition discrète mais remarquée avec une histoire post-apocalyptique au sommaire de Clafoutis n°4, ce formaliste génial revient aux éditions de la Cerise, avec un somptueux album qui bénéficie d’un travail éditorial d’orfèvre à la hauteur d’un objet hors norme. S’amusant à disséminer des indices comme autant de pièces éparses d’un jeu ésotérique l’auteur construit un récit cérébral tournant autour de la « théomancie Balthazar », une croyance messianique séculaire basée sur des motifs et des signes obscurs, où il est question d’une mineure enceinte, d’étoile filante prophétique, de chambres closes… De cette variante hérétique de l’Immaculée Conception, l’artiste tire une bande mutique pleine de mystères et ouverte à des interprétations sans fin, même s’il livre ça et là quelques clés, aptes à éclairer ce dédale conceptuel et polysémique. On pourrait y voir juste un brillant exercice de style, mais Balthazar va bien au-delà, pour s’apprécier comme une expérience esthétique sensitive et rare, pour ne pas dire unique.
Gilles Bechet, VictoireMystérieux et envoûtant. Un homme émerge de l’eau, suivi d’un chien noir. C’est le début d’un extraordinaire voyage graphique et narratif sans paroles, imaginé par un jeune artiste hollandais
Léo Pajon, Arts magazineUn chien noir, des mystérieux hommes en costume, une petite fille, une étoile mystique… L’auteur crée un univers sombre et inquiétant, à la David Lynch, s’amuse à mêler fiction et documentaire, et développe des trésors d’invention narrative pour nous offrir un troublant voyage intérieur.
Jean-Charles Andrieu, Du9Ce livre laisse dans un état de flottement, comme si l’on venait de traverser un monde étrange qui nous aurait aspiré (et inspiré) et aurait laissé une certaine trace en nous. Balthazar est un album rare, un concentré expérimental qui engage un certain discours sur la bande dessinée (et notamment l’espace de la page), d’un auteur aux multiples facettes dont la narration reste au cœur de son œuvre, quel que soit le média utilisé.
Jean-Claude Loiseau, TéléramaUn jeu de piste sans paroles, où le facétieux néerlandais Tobias Tycho Schalken se complait à perdre le lecteur. Sombre et fascinante affaire…
Aux frontières de la bande dessinée telle qu’on la pratique couramment, cet auteur néerlandais installe un univers qui résiste au résumé, mais pas à l’impression qu’il s’y trame une sombre et fascinante affaire. […] L’image distille le mystère avec une remarquable délicatesse de touche. Tout y est conçu, calibré, pensé avec une précision millimétrée pour une aventure en devenir : celle que le lecteur expérimente en s’inventant sa propre histoire. Vous avez dit « exercice de style » ? Oui, mais quel style !